Principe et Outils

La Sociothérapie

La sociothérapie qu’est-ce que c’est ?​

Un type de thérapie qui :

  • a pour objectif le bien-être individuel
  • est fondé sur la parole
  • combine savoirs en psychologie (entre autres les connaissances et techniques liées au psychotrauma et aux thérapies EFT, cousine de EMDR) et en sociologie
  • s’inspire des séances de coaching, des entretiens en psychologie clinique et des entretiens semi-directifs en sociologie

Le principe de la sociothérapie

La sociothérapie emprunte à la psychologie le dispositif d’entretiens cliniques, certains tests psychométriques, certaines techniques issues des TCC (Thérapies comportementales et cognitives) et un ensemble de connaissances :

  • Celles portant sur les problématiques d’attachement dans la petite enfance et les répercussions de celles-ci sur la vie ultérieure (angoisses d’abandonangoisses de perte identitaire c’est-à-dire de ne pas exister, de ne pas avoir de frontières avec l’environnement extérieur, de ne pas être aux commandes de sa vie…)
  • Celles portant sur le fonctionnement du système nerveux 
  • Celles portant sur la mémoire traumatique
  • Les critères diagnostics d’un ensemble de troubles (troubles de la personnalité, trouble dépressif, trouble anxieux, trouble bipolaire…)

La sociothérapie emprunte à la sociologie ses grilles de lecture, dont notamment :

  • L’idée selon laquelle l’identité des individus est le fruit des expériences vécues (des interactions auxquelles ils ont assisté ou pris part, des représentations auxquelles ils ont été exposés etc.) et qu’elle n’est donc jamais complètement figée (en vivant d’autres expériences, sa personnalité peut évoluer).
  • L’idée selon laquelle les individus sont exposés à un ensemble de normes (différentes selon les caractéristiques sociales de la personne et l’entourage dans lequel celle-ci évolue) dont la transgression fait courir le risque de vivre de la violence symbolique (qui peut inclure une dimension physique ou non), c’est-à-dire de se sentir infériorisé.e ou de connaître un ébranlement de ses repères identitaires.
  • L’idée selon laquelle l’expérience de violence symbolique produit des effets sur les manières d’être, d’agir et de penser des individus à court et à long terme.

L’usage thérapeutique de la sociologie reste encore en France (mais aussi à l’international)
très minoritaire. Il n’existe pas encore de professionnel.les de la sociothérapie suivant des règles unifiées. En revanche, des sociologues ont déjà pointé du doigt les potentiels thérapeutiques de la sociologie.

Concrètement :

La sociothérapie repose sur un dialogue permanent entre savoirs expérienciels et savoirs académiques. Ce n’est pas la sociothérapeute qui « sait » et vous impose une vérité : ce procédé peut être extrêmement violent, en particulier si les analyses contredisent l’expérience vécue par la personne concernée. C’est plutôt la mise en commun des connaissances – des connaissances détenues par la sociothérapeute et des vôtres – dans le but d’apporter les ressources adéquates pour vivre de façon la plus apaisée possible.

De mon côté, je mets à votre disposition les connaissances que j’ai pu accumulées au fil de mes entretiens (d’abord dans le cadre de mes recherches universitaires en sociologie et notamment au cours de ma thèse, puis dans le cadre de ma pratique de la sociothérapie). Autrement dit, je pratique la psychoéducation mais aussi la socioéducation. Je les mets à disposition de différentes manières :

  • En vous partageant des hypothèsespistes d’analyse au cours des séances
  • En vous conseillant des articles scientifiques ; des chansons, des romansromans graphiques, films ou séries TV en lien avec ce que vous vivez à la fin de nos séances (si vous aimez lire, écouter des chansons ou regarder des films, aucune obligation évidemment !)
  • En publiant régulièrement sur mon site des articles abordant des problématiques auxquelles je suis régulièrement confrontée dans le cadre de ma pratique. Bien évidemment je ne présente jamais la trajectoire de personnes réelles, je développe des analyses générales sur les mécanismes et lorsque je souhaite incarner mon propos pour le clarifier, je crée des cas fictifs en m’inspirant des dynamiques que j’ai pu observer chez plusieurs personnes en inventant des prénoms
  • En recensant des filmsromans et musiques par thématique sur mon site pour que vous puissiez piocher dedans à votre guise
    •  

De votre côté, vous disposez d’une connaissance exceptionnelle et incomparable sur vous ! Personne à part vous ne peut dire ce que vous vivez ou ce que vous ressentez. Le rôle de la sociothérapeute est simplement de vous proposer des pistes pour vous aider à y voir plus clair. Mes interventions sont toujours des suggestions et vous devez vous sentir libres de me contredire ou de me corriger. La sociothérapie (comme les autres thérapies d’ailleurs) est une alliance entre vous et la sociothérapeute : lorsque vous n’adhérez pas à mes analyses, il ne faut pas hésiter à l’exprimer ! Vos rectifications me permettront de vous proposer d’autres pistes et de vous apporter une aide plus efficace.

Les objectifs

La sociothérapie vous permettra de :

  • faire la paix avec vous-mêmes en renouvelant le regard que vous portez sur vos expériences passées – en particulier en les envisageant sous l’angle de la violence vécue plutôt que sous l’angle de la déviance intrinsèque à vous-même.
  • de développer des outils permettant de vous aménager des marges de manœuvre et de vous engager dans des entreprises de changement de soi
  • développer votre empathie et d’améliorer votre compréhension d’autrui.
    En effet, la sociothérapie vous fournira des grilles d’analyse vous permettant de faire sens des comportements et attitudes des personnes avec lesquelles vous êtes amené.e à interagir. Ce faisant, la sociothérapie favorise la tolérance (si ce n’est envers les comportements adoptés, du moins envers les personnes qui les adoptent).
    Or la compréhension d’autrui est particulièrement utile quand une relation importante à vos yeux va mal (avec vos parents, vos enfants, votre conjoint.e, votre ou vos partenaires romantiques, avec des ami.es proches…) ou bien si vous êtes contraint.e de rester dans cette relation (dans le cas de relations professionnelles…) et qu’il est donc nécessaire d’ajuster vos manières d’agir et de penser pour vivre mieux la relation. 

Quelques conseils pour tirer au maximum profit de la sociothérapie

La sociothérapie est une thérapie fondée sur la parole. À la différence d’autres types de thérapies dans lesquelles le ou la thérapeute parle très peu (pour favoriser l’exploration de l’inconscient par exemple), la sociothérapie ne repose pas sur un tel principe.

Inspirée de la méthode des entretiens semi-directifs, la sociothérapie inclut la formulation de relances, de questions et de pistes d’analyse de la part du ou de la thérapeute. À tout moment, vous pouvez refuser de répondre et/ou choisir de changer de sujet sans vous justifier. Mes interventions servent à alimenter l’échange et à l’orienter dans différentes directions pour tester des interprétations.

C’est en cela que la sociothérapie se distingue de l’introspection solitaire. La relecture de sa trajectoire se fait face à un interlocuteur ou une interlocutrice et l’objectif est de tirer au mieux profit de cette présence !

Les outils

Le carnet des émotions

 
Le principe

Le carnet des émotions est un petit carnet que vous avez choisi (le format, la couleur, le type de papier doivent vous plaire), pratique à transporter avec vous, qui vous appartient et qui est personnel : cela ne signifie pas que d’autres personnes ne peuvent pas lire certains passages mais uniquement si vous le décidez.

Ce petit carnet émane de votre intériorité. Ainsi, il ne doit pas nécessairement être verrouillé et caché car il peut être utile pour entrer en relation avec les autres, pour créer de la proximité mais personne n’a le droit de se l’approprier ou de le consulter sans votre permission, autrement il s’agit d’une intrusion.

Ce petit carnet doit vous permettre d’apprendre à laisser pénétrer des personnes dans votre intimité pour ne pas souffrir de solitude mais de façon contrôlée, c’est-à-dire en conservant votre propre identité, sans vous perdre dans les attentes extérieures et sans fusionner avec l’autre jusqu’à produire une entité indifférenciée. Vous pouvez lire quelques lignes à voix haute parce que vous souhaitez partager certaines choses avec une ou plusieurs personnes de votre entourage, vous pouvez demander qu’elles lisent elles-mêmes certains passages. Il est indispensable de dire à votre interlocuteur ou interlocutrice de respecter les limites que vous lui avez fixées de façon à ce que vous puissiez faire confiance – en particulier si vous avez vécu par le passé des relations d’emprise.

Ce carnet des émotions est utile dans deux situations : lorsque vous estimez rencontrer des difficultés pour ressentir des émotions ; lorsque vous estimez rencontrer des difficultés pour exprimer vos émotions.

Dans le premier cas, il vous servira à mieux vous comprendre et vous permettre de reconnecter progressivement votre corps et votre esprit. Dans le second cas, le support écrit vous fournira un élément sur lequel vous appuyer pour communiquer.

Dans les deux cas, je vous propose de réaliser le plus souvent possible le petit exercice suivant (en fonction de votre propre trajectoire, de vos problématiques, de la réalité de votre vie quotidienne, je pourrai vous proposer des variantes de cet exercice, ou certaines petites activités complémentaires, mais il s’agit là d’un exercice socle qui convient pour commencer la majeure partie du temps) :

Si vous êtes peu à l’aise avec l’écrit et que l’oralité fonctionne mieux pour vous, vous pouvez vous enregistrer.

 
Usages concrets

À la fin de la journée, asseyez-vous et prenez quelques minutes pour repenser au déroulement de votre journée en essayant d’identifier les situations qui ont eu un effet sur vous (positif ou négatif). Listez-les et choisissez une.

Cas 1 : vous repérez des situations qui ont eu un effet sur vous

Par exemple, vous avez rigolé, vous avez senti brusquement une chute ou au contraire un regain d’énergie, vous avez eu peur, etc. Dans la majeure partie des cas, vous aurez au moins rencontré une situation de ce type (le plus souvent vous en aurez rencontré plusieurs).
Cependant, si vous êtes déprimé.e et que votre dépression s’exprime par une apathie, une fatigue continue ou un état de confusion perpétuel (voile devant les yeux, difficultés à réfléchir, impression de lenteur), il est possible que vous ayez vécu votre journée de façon constante sans aucune perturbation (ni positive ni négative). Si vous êtes concerné.e, reportez-vous au cas 2. Cet exercice ne sera toutefois certainement pas suffisant et il pourrait être particulièrement bénéfique pour vous de recevoir une écoute et des conseils personnalisés dans le cadre d’une thérapie de votre choix (sociothérapie, psychothérapie, psychanalyse, consultation d’un.e psychiatre etc.)

  • Décrivez la situation qui a eu un effet sur vous.
  • Nommez l’émotion provoquée.
    • Il est probable que, si vous êtes novice dans l’exercice, vous ne soyez pas en mesure de nommer immédiatement votre émotion. Ne vous inquiétez pas c’est normal. Dans ce cas décrivez les sensations corporelles survenues (accélération du rythme cardiaque, état de confusion, tête lourde, douleurs quelque part, difficultés à respirer, oppression dans la poitrine, envie de bouger, de sauter, agitation, etc.). En cas d’absence de sensations, vous pouvez aussi noter les transformations corporelles visibles que vous avez repérées (urticaire, eczéma, tâches de léopard, plaques rouges, gonflement…).
    • Décrivez également ce qui s’est passé dans votre tête à ce moment : est-ce que des images sont apparues ? est-ce que vous vous êtes dit quelque chose de particulier ?
    • Par exemple : on peut passer devant une salle d’escalade et immédiatement voir apparaître dans son esprit des images de séances passées avec son ex-copine, et/ou ressentir une boule dans la gorge, sentir son énergie baisser…
  • Pensez à d’autres situations dans lesquelles vous avez déjà fait l’expérience de telles sensations ou de telles pensées et listez-en quelques-unes.
    Si vous n’avez aucun souvenir du passé ou aucun souvenir émotionnel (ce qui peut être le cas par exemple si vous êtes dissocié.e), sautez cette étape les premières fois. Les fois suivantes, relisez vos notes passées pour identifier des situations qui avaient déjà suscité chez vous des sensations ou des pensées que vous aviez décrites en des termes similaires.
  • En confrontant l’ensemble de ces situations, essayez de repérer des points communs : est-ce qu’elles mettaient en jeu les mêmes personnes ? les mêmes comportements ? est-ce qu’elles vous conduisaient à agir de la même façon ?
  • Tirez-en de premiers enseignements. Il peut s’agir d’hypothèses que vous amenderez, reformulerez, compléterez plus tard. Par exemple : Je n’avais pas mal au ventre en arrivant au bureau. J’ai travaillé deux heures sans avoir mal, je suis allé.e me servir un café et dans la salle de convivialité j’ai entendu mes collègues parler d’un chef en disant qu’il vivait comme un ermite et n’avait jamais eu ni copain ni copine depuis 15 ans. Je suis revenu.e à ma place pour continuer mon analyse de projection de trésorerie et j’ai soudainement eu mal au ventre. Je me souviens avoir eu un mal de ventre similaire au mariage d’un de mes anciens camarades de promotion ainsi qu’à Noël lorsque mon cousin m’a demandé si j’avais quelqu’un. Il semblerait que j’angoisse de finir ma vie seule. Hypothèse à confirmer et à affiner.
  •  
 
Cas 2 : si vous avez le sentiment que votre corps est resté identique et que vous avez traversé la journée sans vivre aucune perturbation

Manifestement, vous avez pris l’habitude de réfréner vos émotions et vous vivez désormais en état de déconnexion : votre corps et votre esprit sont dissociés. Cet exercice est un travail sur les pensées. Pour qu’il soit pleinement efficace, il est important de le compléter avec des exercices sur le corps (le type de travail varie en fonction de la trajectoire de chacun.e et de son profil (quelques idées : thérapies corporelles, yoga, musculation, course à pied, danse, chiropraxie, acupuncture etc.)

  • Repérez une situation qui selon vos connaissances du monde social aurait pu provoquer chez vous des émotions mais qui ne vous a manifestement suscité aucun effet.
  • Nommer les sensations, pensées ou émotions qu’il aurait socialement été attendu ou logique de ressentir. Choisissez, parmi cette liste, si possible une émotion (sinon faites le même exercice à partir d’une pensée ou une sensation).
  • Si cela est accessible pour vous, remémorez-vous une (ou plusieurs) situation passée (dans le passé proche ou lointain, peu importe) dans laquelle vous aviez effectivement ressenti cette émotion et notez quelles avaient été les répercussions, comment et au bout de combien de temps l’émotion avait disparu, si vous aviez partagé cette émotion avec des personnes, si oui quelles avaient été leurs réactions. Globalement, consignez l’impression générale que vous a laissée cette expérience.
  • Si ce n’est pas accessible pour vous (vous avez l’impression de ne jamais avoir eu peur, jamais avoir été triste, jamais avoir été en colère, jamais avoir éprouvé de la joie, du désir, etc.), rappelez-vous une expérience passée où il aurait, de même, été socialement attendu de ressentir cette émotion. Et décrivez vos propres conduites qui ont suivi cette expérience (les heures qui ont suivi, mais aussi les jours, les semaines suivantes).
    • Parfois, on peut vivre des émotions à retardement et sous des formes somatisées. Ainsi, notez toutes les conduites inhabituelles dans lesquelles vous vous êtes engagé.e et tous les comportements qui ont pu vous poser par la suite des problèmes ou qui ont suscité de l’inquiétude dans votre entourage.
    • Par exemple : on vit un deuil ou une rupture amoureuse, on ne rencontre immédiatement aucune perturbation. Quelques semaines ou mois plus tard, une maladie auto-immune se déclenche, on se sent constamment fatigué.e, on constate que l’on s’est arrêté de manger, que l’on s’est mis.e à consommer de l’alcool ou des drogues de façon plus fréquente, que l’on a développé des troubles obsessionnels compulsifs (TOC), que l’on a des pensées envahissantes.
    • On ne fait pas toujours spontanément le lien, surtout si on pense être quelqu’un qui ne ressent rien. Il s’agit d’une fausse croyance.
    • Tout le monde peut nourrir à un moment ou à un autre de sa vie et de façon plus ou moins durable dans le temps des fausses croyances. Il s’agit de convictions résultant de mécanismes de défense au départ implémentés pour se protéger d’un danger réel mais qui persistent alors même que le danger n’est plus là.
    • Par exemple : on vit un accident au cours duquel on risque de mourir, on subit des violences sexuelles, physiques ou morales destructrices, on vit une séparation qui au moment où on la vit paraît vitale. Pour y faire face on se déconnecte de ses émotions (de peur, d’angoisse…). On conserve ensuite cette désensibilisation sensorielle parce qu’on voit des dangers partout.
    • Autre exemple de fausse croyance : on restreint son alimentation à un moment de sa vie où on se sent en danger parce que le sentiment de maîtrise et la sensation de vide permettent de se sentir bien et d’apaiser les angoisses. On continue à manger très peu car on est persuadé.e qu’en s’alimentant davantage on se sentira mal et on tombe alors dans une forme d’addiction.
  • Notez tout ce que vous avez fait dans la journée à la suite de cette expérience qui ne vous a rien fait mais qui aurait chez les autres pu faire quelque chose, même s’il vous semble qu’il n’y aucun lien.
  • Lorsque vous aurez fait cet exercice plusieurs fois, il nous sera possible de repérer ensemble des schèmes communs. Il y en aura toujours, même si cela prend du temps à émerger. Parfois ces schèmes sont facilement repérables car impressionnants (crises d’angoisse, éruptions cutanées très visibles) ou bien connus par la littérature scientifique (consommation de grandes quantités d’alcool ou de nourriture, consommation de stupéfiants, pratique intensive de sports, crise de colère). Plus vous êtes dissocié.e et plus les manifestations sont alambiquées, plus ce travail s’étalera dans la durée. Mais il n’y aucun doute que des patterns finissent par apparaître : vous n’êtes pas un robot !


Pour vous aider voici quelques exemples d’émotions : tristesse, colère, angoisse, honte, culpabilité, joie, désir, enthousiasme, frustration, déception, fierté, étourdissement, peur, surprise, sidération, confusion, désespoir, rancoeur….

Le tableau analytique

Le principe

Le tableau analytique est un outil que vous pouvez mobiliser dans des situations extrêmement variées. Le principe est toujours le même mais se décline différemment en fonction de votre problématique. Globalement, le tableau analytique est utile lorsque vous ressentez des émotions que vous ne comprenez pas et qui vous posent problème (soit parce que vous en avez honte ou avez l’impression d’être une « mauvaise » personne à cause d’elles ;  soit parce que ces émotions sont handicapantes au quotidien).

Le tableau analytique sert à rassembler un ensemble d’informations à partir desquelles il est possible de réfléchir et de tirer des enseignements. Lors des séances de sociothérapie, je me sers souvent de cet outil.

Exemples
Exemple 1 : Attirance non réciproque
  • Problème : « Je ne comprends pas pourquoi je tombe toujours amoureux/se de femmes/d’hommes qui finalement ne veulent pas s’engager avec moi »
  • Petit éclairage : L’attirance ne vient pas de nulle part – elle est entre autres liée à la désirabilité sociale (par exemple pour x ou y raison je valorise le militantisme ; je valorise les codes esthétiques de la bourgeoisie ; je valorise les personnes sportives…) et aux trauma bonds, c’est-à-dire aux schémas relationnels instaurés avec les principales figures d’attachement dans l’enfance qui ont conduit à se sentir en insécurité.
  • Je propose à mes patient.es de faire un petit tableau et de le remplir lors de phases d’analyse rétrospective (ou en séance avec moi selon ce qu’il ou elle préfère).
  • Étapes :
    • Faire la liste de l’ensemble des personnes qui sont « tombées amoureuses » de vous sans réciprocité dans une colonne ; et faire la liste de l’ensemble des personnes de qui vous êtes « tombé.e » amoureux/se sans réciprocité dans une autre.
    • Décrire la personnalité, les intérêts, les goûts et dégoûts, les modes de fonctionnement de chacune de ces personnes.
    • Décrire ce que vous avez fait avec chacune des personnes (activités partagées, types de discussions…) et ce que vous n’avez pas fait avec chacune de ces personnes que pourtant vous auriez aimé faire.
    • Décrire ce qui vous déplaisait et ce qui vous plaisait avec chacune des personnes.

Lors des séances, je dégage des dynamiques communes qui ressortent de ces situations de non-réciprocité et je propose des pistes d’explications à mes patient.es leur permettant de comprendre les structures de leur attirance afin de pouvoir, à l’avenir, éviter que ces « mismatch » se reproduisent.

Exemple 2 : Colère inexpliquée
  • Problème : « Souvent je suis en colère contre mes ami.es/mon conjoint.e et je crois qu’il n’y a pas de raison, j’ai l’impression que je suis méchant.e ».
  • Petit éclairage : Personne n’est en colère sans raison. L’émotion est toujours une réaction à une situation donnée (en l’occurrence souvent de mise en danger, d’infériorisation…).
  • Je propose à mes patient.es de faire un petit tableau et de le remplir au cours des jours/semaines suivant notre rendez-vous à mesure que des situations de colère a priori inexpliquée se produisent ou bien de recenser dans leur tête les situations et concevoir ensemble le tableau la semaine suivante.
  • Étapes :
    • Décrire le contexte sans jugement en donnant uniquement des éléments factuels (il s’est passé ça puis ça puis ça).
    • Indiquer la cible de la colère.
    • Indiquer à quel moment on a commencé à ressentir de la colère.
    • Indiquer comment ça s’est manifesté.
    • Indiquer ce qu’on a fait face à cette colère (hurler, frapper, ruminer, fuir la situation, consommer de l’alcool/des stupéfiants, écouter de la musique, en parler à quelqu’un d’autre, etc.).

Lors des séances, je dégage des dynamiques communes qui ressortent des situations et je propose des pistes d’explications à mes patient.es leur permettant de comprendre leur émotion et en leur proposant des pistes d’action pour modifier ces situations.

La création artistique

Le principe

La création artistique peut prendre des formes extrêmement variées. Il s’agit de trouver la forme ou les formes qui vous conviennent. Les formes artistiques adéquates pour vous ne sont pas celles où vous avez l’impression d’être « fort.es » (car si vous manquez de confiance en vous ou d’estime de vous, il est possible que vous vous trouviez nul.le partout…).
De plus, il est très important de garder en tête que l’objectif n’est pas de créer quelque chose de « beau », mais de vous exprimer. Régulièrement, répétez-vous que l’objectif est thérapeutique : la création artistique vise à vous sentir mieux ! Vous pouvez donc considérer que votre style est terrible mais choisir l’écriture en constatant que c’est la mise en mots qui vous aide le plus.

Vous pouvez faire deux grands types d’usage de la création artistique :

  • Un usage de classification de vos pensées


Vous avez des pensées qui tournent en boucle dans votre tête (vous ruminez), vous ressassez certaines de vos décisions ou de vos actions passées, vous hésitez de façon discontinue sur la bonne façon d’interpréter une situation ou les conduites d’une personne de votre entourage, vous avez des dizaines de pensées simultanées, vous ressentez des émotions que vous ne comprenez pas.

Vous pouvez vous engager dans une pratique artistique pour vous aider à vous débarrasser de ces pensées perturbantes.

Les exprimer permet d’une part de les accepter et de les assumer : vous les prenez au sérieux puisque celles-ci constituent la base de votre création, vous n’êtes donc plus obligé.e de leur consacrer par ailleurs toute votre énergie.

Les exprimer offre d’autre part la possibilité de faire de l’ordre et de séparer les idées et les émotions les unes des autres.

Autrement dit, exprimer ses pensées, ses sensations et ses émotions par la création artistique est une façon de les digérer et de les dépasser.

Dans le cadre de l’usage de la création artistique comme mode de classification, il est encouragé de créer sans modèle : ne cherchez pas nécessairement à reproduire quelque chose, à écrire à la manière de, à imiter un style, à reproduire des modèles…Lancez-vous sans réfléchir, mettez-vous en pilote automatique. Si vous écrivez, laissez aller vos flux de pensées ; si vous dansez, ne pensez pas à vos mouvements… La création artistique est une bonne manière de se découvrir comme sujet, de se forger une idée positive de qui on est et donc de pouvoir s’affirmer.

  • Un usage de relaxation

Vous vous sentez angoissé.e, débordé.e par vos émotions ou au contraire apathique, vide et sans énergie. Vous pouvez vous engager dans une pratique artistique afin d’équilibrer votre état émotionnel.

Dans le cadre de l’usage de la création artistique comme mode de relaxation, il est tout à fait possible de dessiner en copiant des modèles, danser en suivant des chorégraphies, faire de la musique en jouant des morceaux de vos artistes préféré.es. Dans ce cas, le but est surtout de canaliser votre attention sur des opérations spécifiques de façon à « sortir » momentanément de vous. Vous pourriez également faire d’autres activités comme faire du sport, regarder un film, lire un livre. La création artistique est une alternative intéressante car elle demande moins de disponibilité mentale que d’autres activités comme la lecture de romans ou le visionnage de film qui permettent certes de sortir de soi mais qui exigent un niveau de concentration que l’on n’a pas nécessairement dans les moments de mal-être.

Comme les objectifs sont un peu différents, il est possible d’investir des pratiques différentes en fonction de votre besoin du moment. Par exemple, vous pouvez utiliser le dessin comme stratégie de relaxation car copier des photographies vous apaise mais utiliser l’écriture ou la danse comme stratégie de classification des pensées.

Les techniques de stabilisation émotionnelle inspirées de l'EFT (Emotional Freedom Technique)

Le principe

L’EFT est un type de thérapie psycho-corporelle qui repose sur la technique du tapping : il s’agit de tapoter sur des points d’acupuncture tout en se concentrant sur ses sensations corporelles, sur ses pensées et sur ses images mentales.

Ce type de thérapie emprunte des éléments aux thérapies cognitives et aux thérapies d’exposition.

Elle est tout particulièrement utilisée pour retraiter les traumas et se débarrasser des symptômes qui en découlent.

Selon l’état actuel des recherches, l’efficacité de l’EFT repose sur plusieurs mécanismes tels que : la désactivation de l’amygdale cérébrale (impliquée dans le traitement des émotions et les réactions face aux menaces) et de l’hippocampe (impliqué dans le stockage des souvenirs) ; la réduction de la production de cortisol ; l’expression des gènes. Mais de nouvelles études sont nécessaires pour comprendre de façon détaillée l’ensemble des processus à l’œuvre.

Empiriquement, l’EFT est particulièrement efficace pour digérer les traumatismes, entre autres parce qu’elle permet une reconsolidation de la mémoire. Si vous souhaitez en savoir plus, je vous explique un peu plus en détails dans la première vidéo ci-dessous. Autrement, vous pouvez regarder les vidéos ou ouvrages de Jean-Michel Gurret.

Si l’EFT est utile pour traiter ses traumas (mais uniquement dans le cadre d’une thérapie avec un.e professionnel.le afin d’éviter les débordements émotionnels et les phénomènes de décompensation), l’EFT est également efficace pour se stabiliser émotionnellement. Et cet usage ne peut pas avoir d’effet négatif, donc aucun risque à s’en servir seul.e. Dans les vidéos 2 et 3, je vous explique comment pratiquer les rondes et le crochet de Cook.

Les tests psychométriques

Le contexte du recours aux tests

Lorsqu’au fil de la thérapie, vous ou moi évoquons la possibilité que vous ayez un trouble d’anxiété, un épisode dépressif, un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité, un trouble d’usage de l’alcool ou d’une autre substance psychoactive etc.,  il peut être utile d’utiliser des tests psychométriques validés scientifiquement pour y voir plus clair – en particulier si nous avons un doute. Ces tests complètent nos échanges en séance et servent à orienter une prise en soin adaptée à vos besoins.

Je ne suis pas psychiatre et je ne peux donc en aucun cas poser de diagnostic. En revanche j’ai appris à utiliser ces tests dans le cadre de mes Diplômes Universitaires à l’Université de Paris, tous dispensés par des professeur.es en psychiatrie et je peux donc m’en servir pour adapter notre stratégie thérapeutique ou bien vous orienter vers les professionnel.les de santé adapté.es.

Des outils pour lever les doutes et orienter la prise en soin

Ces outils permettent notamment de :

  • Mesurer l’intensité des symptômes pour mieux comprendre leur nature et leur influence sur votre vie quotidienne.
  • Évaluer vos besoins en termes d’accompagnement.

Ensemble, nous explorerons les résultats dans une démarche bienveillante, afin de construire un accompagnement sur mesure, en phase avec vos ressentis et vos objectifs.

Par exemple, on peut repenser nos difficultés scolaires :

On se dit j’ai eu des mauvaises notes à l’école toute ma vie non pas parce que j’étais stupide mais parce que :

  • mes parents, les maître.sses ou d’autres adultes me hurlaient dessus quand je faisais des erreurs et ça m’a paralysé.e ;
  •  je vivais dans un environnement tellement instable (mes parents souffraient d’addiction, de troubles psy non pris en charge etc.) que je n’avais pas la disponibilité mentale requise pour pouvoir me concentrer ;
  • l’école n’était pas valorisé par mes camarades de classe et que j’avais besoin de me sentir appartenir à un groupe

Par exemple, on peut repenser nos difficultés amoureuses :

On s’aperçoit que l’on s’engage de façon répétée dans des relations amoureuses émotionnellement éprouvantes et destructrices.

On comprend que l’on parvient difficilement à discerner ce qu’est l’amour et ce qu’est la dépendance du fait de la nature des relations avec ses premières figures d’attachement (on m’aime si on a besoin de moi et réciproquement si j’aime j’ai besoin de l’autre pour ma survie).

On en discute avec ses futur.es partenaires, on se crée de solides bases de survie en développant des ressources nombreuses et diversifiées, on désamorce les mécanismes quand ils commencent à s’enclencher…

On peut mieux comprendre des comportements que nous désapprouvons :

  • Par exemple, nos relations avec l’un.e de nos enfants sont très compliquées. On a un.e enfant qui passe énormément de temps à jouer à des jeux vidéo et qui ne fait aucune pratique culturelle que l’on estime légitime (elle ou il ne lit aucun livre, déteste le cinéma et les musées etc.) et on se dit « ça l’abrutit, il ou elle va devenir débile ».

    On essaie de comprendre pourquoi elle ou il apprécie les jeux vidéo et déteste la culture légitime et on s’aperçoit par exemple qu’il ou elle s’est senti.e abandonné.e et a développé un fort sentiment d’infériorité concernant ces activités par rapport à ses parents, ses frères et sœurs ou bien qu’elle ou il a cherché un soutien de la part de ses camarades de classe etc. Cette suspension momentanée de jugement est déjà un premier élément pour renouer le dialogue.

  • Autre exemple : on est contraint.e de travailler avec un.e collègue qui nous insupporte (que l’on trouve « beauf », « prétentieux ou prétentieuse », « trop grande gueule », « trop effacé.e »…).

    On cherche à comprendre d’où vient ces manières d’être et de faire chez ce ou  cette collègue (dans quel type d’environnement familial, social la personne a-t-elle vécu ? quel est son quotidien ?) 

    On cherche également à comprendre quelles sont les raisons pour lesquelles on ne supporte pas ces manières d’être et de faire (à quelles expériences, personnes rencontrées cela nous renvoie-t-il ?).